Diminution de la résistance aux antibiotiques des souches de Streptococcus pneumoniae isolées d’infections invasives en France entre 2003 et 2007

Voici les résultats des Observatoires Régionaux du Pneumocoque (ORP).

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Résumé

Diminuée à la Pénicilline (PSDP) n’a cessé d’augmenter depuis 1987, atteignant 52% en 2001. En 2002, une campagne nationale de bon usage des antibiotiques a été lancée. Afin d’évaluer l’évolution de la résistance aux antibiotiques des souches de pneumocoques isolées d’infections invasives, les données récoltées par les ORP entre 2003 et 2007 ont été analysées.
 

Méthode

Durant cette période, 1083 souches isolées de liquides céphalo-rachidiens (LCR) et 10351 souches isolées d’hémocultures ont été étudiées. Les concentrations minimales inhibitrices (CMI) de la pénicilline G (PEN), de l’amoxicilline (AMX) et du céfotaxime (CTX) ont été déterminées par la méthode de référence en milieu gélosé. Les
activités inhibitrices de l'érythromycine (ERY), du cotrimoxazole (SXT) et de la tétracycline (TE) ont été appréciées par la méthode de diffusion en milieu gélosé ou à l'aide de galeries ATB-Pneumo® ou de cartes VITEK2® (BioMérieux). L'interprétation des résultats a été faite selon les recommandations du Comité de l'Antibiogramme de la Société
Française de Microbiologie (CA-SFM).
 

Résultats

Tableau I : Proportion en 2003, 2005 et 2007, chez l’enfant et l’adulte, des souches de pneumocoques isolées d'infections invasives (LCR + hémocultures), intermédiaires et résistantes à PEN, AMX et CTX.

* E = enfants<16 ans, **A = adultes ≥ 16 ans

Tableau II : Proportion en 2003, 2005 et 2007 des souches de pneumocoques isolées d'infections invasives (LCR + hémocultures) intermédiaires et résistantes à 6 antibiotiques.

Conclusion

Entre 2003 et 2007, le nombre de PSDP isolés d’infections invasives a baissé de 44,1% à 32,2%, à la fois chez l'adulte et l'enfant. Une diminution de la résistance aux autres antibiotiques a également été observée durant cette période. L’ensemble de ces résultats confirme un retour à une plus grande sensibilité aux antibiotiques des pneumocoques en France.

 

Introduction

  • Streptococcus pneumoniae est la première cause de méningite bactérienne en France et est fréquemment isolé dans les bactériémies. L’incidence des infections invasives pneumococciques est plus élevée chez les jeunes enfants et chez les personnes agées.
  • Les pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline G (PSDP) et les souches MDR (multidrug-resistant) sont de plus en plus souvent isolés à travers le monde.
  • Un réseau de surveillance de la résistance aux antibiotiques du pneumocoque, nommé “Observatoires Régionaux du Pneumocoque” (ORP), existe en France. Ce réseau comprend 396 laboratoires publics et privés qui couvrent environ 63% du territoire. 23 centres coordonnent ce réseau.
  • L’objectif de ce travail a été de déterminer l’incidence et les caractéristiques de la résistance aux antibiotiques des souches de pneumocoque isolées de LCR et d’hémocultures chez les enfants et les adultes en France entre 2003 et 2007.

 

 

Matériel et méthodes

  • Entre 2003 et 2007, 11434 pneumocoques isolés de LCR et d’hémoculture ont été étudiés.
  • Les CMI vis à vis de la pénicilline G (PEN), de l’amoxicilline (AMX) et du céfotaxime (CTX) ont été déterminées par la méthode de dilution en agar.
  • L’activité in vitro de l’érythromycine (ERY), du cotrimoxazole (SXT) et de la tetracycline (TE) a été étudiée par la méthode de diffusion, à l’aide de la galerie ATB-Pneumo kit ou à l’aide du système VITEK2 (bioMérieux).
  • Les résultats ont été interprétés en accord avec les recommandations du CA-SFM.
  • Trois souches de contrôle qualité fournies par le Centre National de Référence des Pneumocoques ont été testées lors de la détermination de la CMI en agar.

 

Tableau I : Valeurs des CMI attendues pour la PEN, l’AMX et le CTX pour les 3 souches de contrôle qualité utilisées dans cette étude.

Résultats

Entre 2003 à 2007, 11 434 isolats de pneumocoque provenant de 1083 LCR et de 10 351 hémocultures d’enfants et d’adultes ont été étudiés (Table II). Sur cette période, la part des PSDP dans les infections invasives pneumococciques a significativement diminué à la fois chez les enfants (fig 1) et chez les adultes (fig 2). 

Pour les enfants, la proportion de PSDP est passée de 46.4% en 2003 à 29% en 2007 et pour les adultes cette proportion est passée de 43.8% en 2003 à 32.7% en 2007. Une diminution de la résistance à l’AMX et au CTX a également été observée dans les mêmes proportions. 

La prévalence des isolats intermédiaires + résistants à AMX a atteint 13.1% pour les enfants et 17.2% pour les adultes. La prévalence des isolats intermédiaires + résistants au CTX a atteint 7.3% pour les enfants et 9.2% pour les adultes (fig. 1
& 2
).

La diminution du nombre de souches de PSDP dans les infections invasives pneumococciques a été observée à la fois pour les souches isolées de LCR et pour celles isolées d’hémoculture (fig. 3).

La diminution de la résistance à ERY, SXT et TE a également été observée (fig. 4).

Conclusion

  • Entre 2003 et 2007, le taux de PSDP dans les méningites et bactériémies à pneumocoque en France a diminué de 44.1% à 32.2%.
  • Cette décroissance a été observée à la fois chez les enfants et les adultes avec une diminution de la résistance (I+R) à la pénicilline chutant de 46.4% à 29% pour les enfants de 43.8% à 32.7% chez les adultes.
  • Une diminution de la résistance aux autres antibiotiques étudiés a également été observée.
  • La surveillance continue de l’activité des antibiotiques reste un élément essentiel pour détecter des modifications de la sensibilité des souches tant au niveau régional que national.
  • Ce retour à une plus grande sensibilité des souches de pneumocoques impliquées dans les infections invasives en France peut être à rapprocher d’une nouvelle politique d’utilisation des antibiotiques depuis la fin de 2001 en France. Ce phénomène pourrait être associé à un effet du vaccin conjugué heptavalent en usage depuis le début de 2003.

 

Auteurs et informations 

M. KEMPF1, R. BARADUC1, H. BONNABAU2, M. BRUN1, H. CHARDON1, J. CROIZE1, MC. DEMACHY1, PY. DONNIO1, P. DUPONT1, T. FOSSE1, L. GIBEL2, A. GRAVET1, B. GRIGNON1, T. HADOU1, F. HAMDAD1, JL. KOECK1, G. LAURANS1, J. MAUGEIN1, A. PECHINOT1, MC. PLOY1, J. RAYMOND1, A. ROS1, M. ROUSSEL-DELVALLEZ1, C. SEGONDS1, M. VERGNAUD1, V. VERNET-GARNIER1, M. WEBER1, A. LEPOUTRE3, E. VARON4, P. LANOTTE1.

1 Observatoires Régionaux des Pneumocoques (ORP), CHU Dupuytren, Limoges

2 UFRCB, CHU Dupuytren, Limoges

3 InVS, Saint-Maurice

4 CNRP, AP-HP HEGP, Paris, France.